COP21, la mobilisation des chrétiens

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Par Charles de Pechpeyrou- La Croix
Certains ont marché pendant deux mois depuis Rome, d’autres les ont rejoints à Lyon début novembre : ils sont un groupe de 25 « pèlerins climatiques », de toutes religions et nationalités, dont de nombreux Philippins, arrivés à Paris pour la COP21. Leurs objectifs : sensibiliser les personnes rencontrées en chemin sur les conséquences du dérèglement climatique et renvoyer les pays riches devant leurs responsabilités face aux catastrophes environnementales dont les pays pauvres sont les premières victimes. Avant de rejoindre Le Bourget, le groupe de pèlerins a participé à un grand rassemblement organisé dans la basilique Saint-Denis le 28 novembre, avec des centaines d’autres pèlerins venus du monde entier.
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À la tête de ce petit groupe participant au «People’s pilgrimage», une figure célèbre de la lutte contre le dérèglement climatique : Yeb Sano, négociateur philippin qui a pris part à plusieurs sommets, dont la COP19 de Varsovie en 2013, où ses larmes de désespoir face à la torpeur des négociations, au moment même où son pays subissait les assauts du super-typhon Yolanda, avaient ému le monde entier.
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LA CRAINTE D’UN ACCORD A MINIMA
Cette fois-ci, cependant, Yeb Sano est présent au Bourget comme simple pèlerin. Il a troqué son costume cravate contre de grosses chaussures de marche et un sac à dos élimé, sa coupe de cheveux maîtrisée a fait place à une tignasse rebelle. Sur sa veste, un badge du Réseau Action climat France. Celui qui arbore ce sésame peut accéder à la « zone bleue » de l’immense espace dévolu à la COP21 : celle des négociateurs, dont le sol a été foulé le 30 novembre par les grands de ce monde. Yeb clarifie, néanmoins : «Je ne suis là qu’en observateur, je ne participe pas aux négociations. La COP21 est importante dans la mesure où ce qui se décide ici va toucher beaucoup de personnes : un accord fragile signifie la perte de beaucoup de vies et la destruction d’habitats partout dans le monde. Les décisions prises ici définissent notre avenir, celui de l’humanité», insiste-t-il.
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Néanmoins, l’ancien négociateur ne cache pas sa crainte que les responsables gouvernementaux, «incapables durant les deux dernières années», n’arrivent qu’à un accord a minima. Le défi est ailleurs :«L’essentiel est de montrer que beaucoup de communautés sont venues ici pour exprimer l’urgence de la situation climatique».

SENSIBILISER LES FOULES À TRAVERS LE PÉLERINAGE

Le sens de ce « People’s pilgrimage » n’est donc pas tant d’orienter les travaux de la COP que de sensibiliser les foules. L’aspect spirituel de la démarche, notamment, est «crucial» pour la sauvegarde de l’environnement, longtemps considérée comme une question d’ordre strictement économique, politique, scientifique ou technologique. Du reste, se plaît à préciser Yeb Sano, «beaucoup de leaders religieux ont parlé avec force du changement climatique, unis ensemble, debout, pour convaincre le plus de personnes possible». À commencer par le pape François lui-même, qu’il a pu saluer lors de son passage à Rome.
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«Ensemble, unis, debout» – Tayo Tayo en tagalog – c’est aussi le titre de la chanson composée il y a un an par Nityalila Saulo, Philippine de 35 ans, pour animer un autre pèlerinage climatique entre Tacloban et Manille, et reprise cette année pour la COP21. Nityalila partage l’analyse de son compatriote : «Même si les leaders mondiaux ne parviennent pas à franchir un grand pas, on peut réveiller la société pour qu’elle prenne part à la défense de l’environnement. Ma mission personnelle n’est pas de parler aux leaders mais de convaincre ceux que nous croisons sur notre route».

UN JEÛNE POUR LE CLIMAT

La jeune chanteuse entend surtout faire connaître l’impact du dérèglement climatique sur son pays, victime d’ouragans à répétition, dont l’un a dévasté en deux heures l’usine de son père, dans le centre-ville de Manille, en 2009. «Ce n’est pas qu’une question de hausse des températures, mais de vies perdues», ajoute Nityalla, qui refuse néanmoins de céder à la colère vis-à-vis du Nord.
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Le 1er décembre, avec des dizaines d’autres pèlerins venus aussi d’Europe ou d’Afrique du Sud, les deux Philippins ont participé à un jeûne pour le climat, rompu par une soirée organisée au cœur de Paris, dans un foyer de la Mission populaire évangélique de France. Mais pas n’importe comment. Les menus étaient préparés pour l’occasion par un chef cuisinier, avec le souci d’une consommation carbone minimale : eau microfiltrée, thé et café issus du commerce équitable, pétales de châtaignes torréfiés, légumes de saison – non épluchés – et fruits originaire d’Île-de-France. Une manière de montrer que l’on peut conjuguer plaisir des papilles et respect de l’environnement.

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